« Ce qui pose problème dans ce cas précis, c’est que je pense qu’au niveau de l’entretien cette pelouse hybride est plus compliquée à gérer que ce qui était prévu. Les sociétés qui ont été en charge de l’entretien de la pelouse ont fait tout leur possible chimiquement et physiquement pour éradiquer le champignon. Le terrain qui repose sur un substrat inerte est forcément plus difficile à entretenir et je crois qu’on lui prête des vertus qu’il n’a pas. Je pense que Natural Grass est vraiment au top de la technologie… mais qu’elle peut rencontrer des limites dans certaines conditions climatiques, et pour certains stades notamment les plus fermés. »Estimant que les « bons vieux gazons, et les technologies d’avant ne sont peut-être pas mortes, contrairement à ce que pensaient certains gestionnaires de stade et des consultants ultra enthousiastes… », Arnaud Dugast rappelle surtout que plus que la technologie choisie, c’est l’absence de plan B qui risque de pêcher dans le cas du Matmut Atlantique.
« J’ai le sentiment qu’on est parti du postulat que rien ne pouvait arriver avec ce produit. Visiblement ce n’est pas le cas, et on sait maintenant que le remplacement de la pelouse devrait coûter entre 450 et 500.000 euros. En clair nous sommes trois fois moins chers pour la même opération ! Entendons nous bien, je ne reprocherai jamais à SBA de ne pas nous avoir choisis pour équiper le stade en gazon. Ce que je regrette en revanche c’est qu’aucune sécurité n’ait été prise en cas de problème. »Arnaud Dugast se souvient sans doute qu’au départ de l’aventure AirFibr, SBA avait évoqué la possibilité de réserver une pelouse de secours auprès de sa société… mais finalement l’idée aurait été abandonnée.
« Aujourd’hui, si nous sommes amenés à livrer une pelouse au Matmut, il faut savoir que sur ce substrat, ce ne sera qu’une pelouse temporaire, un dépannage qui permettra au club de jouer. Si nous mettrons alors tous les moyens possible pour répondre aux exigences techniques de notre client, àce jour, nous ne sommes pas en mesure de fournir une pelouse sur substrat AirFibr parce que nous n’avons jamais été missionné pour ce travail. Et dire qu’avec la technique classique, celle du stade Chaban Delmas, aujourd’hui pratiquée par les rugbymen de l’UBB, la pelouse du Matmut aurait pu être replaquée deux fois dans la même saison pour le même coût. »
Fini le pari sportif, CoverGarden parie désormais sur les particuliers
Pour Arnaud Dugast, derrière le problème de pythium rencontré par les stades de Bordeaux, Toulouse et Bastia, se cachent les difficultés des entreprises à faire du business avec le monde sportif.« Le business du sport est irrationnel. Les décideurs s’emballent parfois pour des techniques innovantes parce qu’elles fonctionnent sous certaines latitudes, sous certains climats ou dans certains stades. Nous on sème 12 mois à l’avance des pelouses alors que ce marché est extrêmement volatil et irrationnel. Certes, nos techniques ne proposent pas des solutions idéales, mais désormais il est difficile pour un acteur comme nous d’investir en R&D sans savoir ce qu’au bout du compte on va vendre car nos clients potentiels… Dans le monde du foot, on oublie par exemple que le Barcelone a été champion d’Espagne et d’Europe à de nombreuses reprises sur une pelouse tout ce qu’il y a de plus traditionnelle… »Un gazon plusieurs fois sacré qui est sorti tout droit des pépinières situées au Barp de la société girondine qui cherche de plus en plus à se détacher du marché de la fourniture de gazons sportifs.
« Nous sommes toujours présents sur ce marché qui a fait notre histoire, et sommes toujours aptes à trouver les meilleures solution techniques pour les stades, ici en France et dans toute l’Europe. Mais désormais ce marché n’est plus le principal relais de croissance pour nous. »Pour CoverGarden, désormais, c’est le marché du particulier qui représente l’avenir.
« Ce marché est ultra porteur. La pelouse pour particulier, et mieux encore, l’entretien de la pelouse pour particulier, représente un secteur en forte croissance. Nous venons de créer une marque pour un nouveau service : CoverGarden Guard. Ce choix porte notre croissance et génère actuellement des embauches », assure le PDG de CoverGarden.