Un spécialiste prévient : les retombées auraient été surévaluées pour cette réalisation à 1,76 milliard d’euros.
Las Vegas, ses hôtels-casinos, sa fausse Tour Eiffel et bientôt son stade tout aussi démesuré à 1,9 milliard de dollars (1,76 milliard d’euros). La ligue de football américain (NFL) a donné son accord lundi à la construction d’une immense enceinte dédiée au sport dans la capitale du jeu, avec 24 voix favorables sur 32. Mais les travaux, prévus entre 2017 et 2020, pourraient déboucher sur un gouffre financier.
Ce nouveau stade sera d’une capacité modulable de 65 000 à 72 000 places. Il doit organiser 30 à 62 événements annuels, rencontres de football, football américain, sports mécaniques et concerts. Le chantier a été confié au cabinet Manica Architecture, engagé par ailleurs dans la rénovation du Camp Nou, le stade du FC Barcelone qui doit s’achever vers 2020-2021, ou sur un projet d’aménagement intérieur du stade de l’Inter de Milan.
Quatre fois plus cher que le stade de Lyon
Il s’agira du stade le plus cher jamais construit, battant le record du MetLife Stadium du New Jersey inauguré en 2010 (1,48 milliard d’euros). Seul le Zaha Hadid’s National Stadium de Tokyo devait présenter une facture supérieure, 1,85 milliard d’euros, mais le chantier de cet équipement prévu pour les Jeux olympiques de 2020 a été interrompu en 2015. En France, le Stade des Lumières à Lyon, qui a ouvert ses guichets en janvier 2016, est le complexe le plus onéreux (405 millions), devant le Stade de France, à Saint-Denis (364 millions).
Or l’argent a ses limites, y compris à Las Vegas, et le coût de construction du nouveau stade n’est pas garanti, contrairement aux affirmations de ses promoteurs. Le 1,76 million est censé provenir de trois sources : les collectivités locales via une hausse de 0,88% de la taxe d’hébergement (697 millions d’euros), le magnat des casinos et soutien milliardaire de Donald Trump, Sheldon Adelson (604 millions), et Mark Davis (464,8 millions), le propriétaire des Raiders, l’équipe de foot américain actuellement basée à Oakland, en Californie, et qui déménagera pour l’occasion.
Optimiste, le Comité d’infrastructures touristiques du Nebraska du Sud a calculé que le stade de Las Vegas fera le plein de spectateurs et dégagera chaque année un bénéfice de 8,6 à 31,5 millions d’euros.
Des hôtels pas si remplis ?
Au contraire, l’économiste de Stanford, spécialisé dans le financement des équipements sportifs, Roger Noll estime : «C’est le pire montage que j’ai vu pour une grande ville.» Et de dénoncer l’étude préparatoire du côté des pouvoirs publics, «la plus faible que j’ai jamais vue». Selon le chercheur, le nouveau stade attirera moins de visiteurs qu’escompté, ce qui ne permettra pas d’engranger assez de recettes sur la taxe hôtelière. «Vendre un tiers des billets à des touristes, c’est possible si vous jouez contre les Rams [l’équipe de foot américain de Los Angeles, ndlr], mais si vous jouez contre Tampa, vous croyez vraiment que 22 000 personnes vont faire le voyage depuis Tampa pour assister au match ?»
29/03/17 – Liberation.fr – Lire l’article