Après un plan couvrant la période 2011-2014 puis un autre portant sur la période 2014-2017, c’est un troisième plan en faveur du sport que l’Union européenne, par l’intermédiaire du Conseil et de représentants des gouvernements des Etats membres, vient d’adopter. Il couvrira la période du 1er juillet 2017 au 31 décembre 2020.
La résolution adoptée en ce sens rappelle tout d’abord que « le sport est un domaine où l’action au niveau de l’UE devrait appuyer, coordonner ou compléter les actions des Etats membres ». Elle revient ensuite sur les motivations d’un plan en faveur du sport, précisant que « le sport joue un rôle positif dans la coopération transsectorielle au niveau de l’UE et aide ainsi à assurer un développement durable et à répondre de manière appropriée aux grands défis socio-économiques et liés à la sécurité auxquels fait face l’UE, notamment les migrations, l’exclusion sociale, la radicalisation pouvant conduire à l’extrémisme violent, le chômage, ainsi que des modes de vie malsains et l’obésité ».
Le sport pour relever les défis de l’UE
Pour l’UE, on le voit, les vertus prêtées au sport embrassent un grand nombre de domaines sans rapport entre eux. Et son plan de travail en faveur du sport, à travers ses objectifs précis, fait le plus souvent du sport un simple moyen d’établir une coopération transnationale au service d’autres visées politiques de l’Union européenne. Le premier objectif est ainsi de « garantir, au moyen d’une coopération transsectorielle, que les autres domaines d’action de l’UE sont sensibilisés à la contribution que le sport peut apporter pour relever les défis stratégiques auxquels l’UE est confrontée ». Autre objectif très large visé par le plan en faveur du sport : « Contribuer à la réalisation des grandes priorités du programme économique et social de l’UE, ainsi qu’au développement durable afin de donner un nouvel élan pour l’emploi, la croissance et l’investissement, et préparer la période postérieure à 2020. »Prendre enfin en compte la spécificité du sport
A côté de ces objectifs extrasportifs, d’autres concernent le sport pour lui-même. Il s’agit tout d’abord de celui visant à « prendre en compte la spécificité du sport ». Ce concept, qui consiste à sortir le sport des règles communes de l’Union européenne, suscite beaucoup d’attentes de la part du milieu du sport professionnel. Depuis l’arrêt Bosman de la Cour de justice des communautés européennes de 1995, la libre circulation des sportifs professionnels a été imposée dans les compétitions sportives nationales, dérégulant un marché des transferts qui limitait jusque-là le nombre de joueurs étrangers dans les clubs, et provoquant une inflation des salaires au bénéfice de quelques grands clubs. Les autres se retrouvant hors jeu ou condamnés à servir de simples tremplins à de jeunes joueurs talentueux. Prendre en compte la spécificité du sport reviendrait à reconnaître aux organisations sportives nationales et supranationales (fédérations, ligues, UEFA, Fifa) le droit de déroger à la règle de libre circulation des travailleurs. Ce thème avait déjà fait l’objet de réunions entre ministres des Sports de l’Union européenne ces dernières années. Lors du Conseil de l’Union européenne du 24 novembre 2015, Thierry Braillard, secrétaire d’Etat aux Sports français, avait dénoncé « les conséquences néfastes de l’application absolue et généralisée du principe de liberté de circulation dans le sport professionnel ». Toutefois, la possibilité de déroger à la libre circulation des travailleurs dans le sport divise les responsables de l’Union européenne. Dans son plan, l’UE précise qu’un rapport sur la question sera rendu au deuxième semestre de 2019.Portion congrue pour le sport pour tous
Le dernier objectif du plan est sans doute celui que l’on pouvait attendre en premier : contribuer au développement du sport pour tous dans l’UE. Reste que cet objectif manque pour l’heure cruellement de contenu. En effet, au-delà des objectifs, trois thèmes prioritaires ont été fixés par le plan. Et le développement du sport pour tous n’est ici pas explicitement visé. La première priorité est l’intégrité du sport. Ce thème recouvre la promotion de la bonne gouvernance, y compris la protection des mineurs, la spécificité du sport, la lutte contre la corruption et contre le trucage de matchs, ainsi que la lutte contre le dopage. La deuxième priorité est la dimension économique du sport. Enfin, la troisième priorité porte sur le thème « sport et société », notamment l’inclusion sociale, le rôle des entraîneurs, l’éducation dans et par le sport, le sport et la santé, le sport et l’environnement et le sport et les médias, ainsi que la diplomatie sportive 03/07/17 – Localtisinfo – Jean Damien LESAY – Lire l’article