L’HÉRITAGE OLYMPIQUE (1/3) À moins de trois semaines de la désignation quasi certaine de Paris pour les Jeux de 2024, on peut s’interroger sur l’héritage qu’ils laisseront aux générations futures.Pour les Jeux organisés en France, en été (1900, 1924) ou en hiver (1968, 1992), le bilan est clairement positif, en particulier pour l’édition de 1924, fertile en équipements toujours en activité.
Le 13 septembre, sauf improbable renversement de situation, le président du Comité olympique international, l’Allemand Thomas Bach, ouvrira devant les caméras du monde entier la traditionnelle enveloppe dont le contenu ne fait plus guère de doute. Paris rejoindra alors Londres au rang des villes trois fois olympiques en été, tout comme Los Angeles, désignée pour 2028.
Accueillir les JO, un débat éternel sur l’intérêt et la rentabilité
Après trois candidatures infructueuses, la Ville lumière aura enfin eu gain de cause, sans éteindre pour autant l’éternel débat sur l’intérêt et la rentabilité pour une ville d’organiser une telle manifestation. Dans cette joute, les uns avanceront à nouveau les formidables bilans de Barcelone 1992, Sydney 2000 ou Londres 2012, quand les autres représenteront la douloureuse facture d’Athènes 2004 ou Rio 2016.
Qui croire à sept ans de l’événement, huit ou neuf avant de dresser un tableau comptable définitif ? Pour étalonner le futur héritage des Jeux de 2024, on peut choisir un autre point de vue et faire un grand pas en arrière jusqu’en 1924, la dernière fois que la flamme olympique a brillé sur Paris. On peut même creuser un peu plus loin, jusqu’à 1900, année où la capitale organisa les deuxièmes Jeux olympiques de l’ère moderne. On trouvera alors les premiers vestiges de l’héritage olympique parisien.
Des équipements toujours en activité
Le temple se trouve au cœur du bois de Vincennes et répond au curieux nom de la Cipale, une contraction sémantique recouvrant l’appellation, aussi officielle qu’oubliée, de… piste municipale. Utilisée lors des Jeux de 1900 et 1924, cette piste connut un fameux destin (au point d’accueillir des arrivées du Tour de France dans les années 1970) avant de se dégrader et de connaître une rénovation récente pour le plus grand plaisir des cyclistes amateurs, qui tournent aujourd’hui sur un anneau flambant neuf rebaptisé au nom de Jacques Anquetil.
Mais attribuer l’existence de la Cipale aux seuls Jeux olympiques fera lever le sourcil à bien des historiens du sport, car cette piste fut en réalité bâtie en 1896, bien avant les premiers Jeux de Paris. De même pour le site du Pré catelan, dans le bois de Boulogne, théâtre des épreuves d’athlétisme de 1900 et 1924. Lui aussi est antérieur à l’aventure olympique et il faisait partie du périmètre du Racing Club de France.
Il en est tout autrement des deux grands équipements bâtis spécialement pour les Jeux de 1924, le stade de Colombes, rebaptisé ultérieurement stade Yves-du-Manoir, et la piscine des Tourelles dans le 20
e arrondissement, devenue aujourd’hui piscine Georges-Vallerey.
Pierre de Coubertin, indiscutable patron du Comité olympique jusqu’en… 1924 (il rendit son tablier juste après la cérémonie de clôture), obtint des pouvoirs publics français la construction d’un stade de 45 000 places. C’est dans cette enceinte, affectée au Racing 92, un des deux clubs de rugby professionnels franciliens que se déroulèrent les cérémonies d’ouverture, de clôture, ainsi que les compétitions d’équitation, de football et de gymnastique. Le premier village olympique de l’histoire, des baraquements en bois bâtis aux abords du stade, a lui totalement disparu. En 2024, la vénérable enceinte, toujours debout au prix de nombreuses rénovations, sera encore bonne pour le service olympique, puisqu’elle accueillera les épreuves de hockey sur gazon.
La piscine olympique, un des rares équipements à construire
L’autre grand équipement de 1924, la piscine des Tourelles, restera lui à l’abri de l’agitation dans sept ans. Il se contentera d’accueillir les ébats des nageurs du quartier. La piscine olympique, prévue à Aubervilliers non loin du Stade de France et du futur village olympique, est en effet un des rares équipements sportifs à construire pour 2024. Le vénérable bassin des Tourelles, décoré récemment de cinq anneaux olympiques du plus bel aloi, devra se contenter d’un rôle mémoriel à au moins deux titres. Il fut le premier équipé de plots surélevés (ce qui dopa les performances en permettant des départs plus rapides) et il abrita les exploits d’un certain Johnny Weissmuller.
Le futur héros hollywoodien sous les traits de Tarzan fut d’abord la première grande vedette olympique, avec trois médailles d’or en natation et une de bronze en water-polo. Et c’est bien là le principal héritage des Jeux de Paris de 1924 : ce furent les premiers Jeux médiatisés de l’histoire. Johnny Weissmuller comme le célèbre coureur de fond finlandais Paavo Nurmi, participèrent grandement à cette aventure de presse et de… radio. L’édition de 1924 fut la première couverte en direct par des moyens de rediffusion, posant les premières pierres d’un édifice médiatique qui n’a cessé de grandir depuis. […]
25/08/17 – http://www.la-croix.com –